Alexandre Ansay, directeur du CBAI et Christine Kulakowski, directrice du CBAI de 2000 à 2020
A Margalit Cohen-Emerique (1932-2024)
Il est des rencontres humaines qui ne laissent pas indemnes, qui modifient profondément notre vision du monde et la manière dont nous envisageons la mise en œuvre de notre combat et de nos engagements. Nombreux sont les travailleurs et travailleuses du CBAI à avoir eu le privilège de suivre l’enseignement de Margalit Cohen-Emerique.
C’est à la fin des années 80 que nous avons fait sa connaissance. Nous pouvons dire qu’il y a dans l’histoire de notre institution un « avant » et un « après » de telle sorte qu’il est difficile, si pas impossible, de définir notre objet social et le sens de notre proposition associative sans nous référer aux enseignements que Margalit a accepté de nous transmettre. A notre tour, nous nous sommes efforcés de former d’autres acteurs sociaux à l’utilité de sa démarche, en ce compris en Italie et en Espagne où nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui se réfèrent à ses travaux pour orienter leurs pratiques.
Cette femme dont l’enseignement nous mettait à l’épreuve de la rigueur et de l’exigence pédagogique, n’a eu de cesse de nous appeler à relever un défi sur lequel repose la méthode qu’elle a élaborée tout au long de sa vie professionnelle : faire le pari que, dans nos métiers, dans nos institutions, dans les dispositifs que nous manipulons, il y a beaucoup à gagner à nous ouvrir à l’altérité culturelle de ces autres que nous prétendons aider, accueillir soigner et former.
Nous avons la conviction que les outils méthodologiques qu’elle a forgés ont contribué à redonner aux peuples de l’immigration la légitimité politique et culturelle que les sociétés dites d’accueil daignaient leurs accorder.
Si nous devions retenir un enseignement, ce serait sans doute celui-ci. Dans ce mouvement de retournement que constitue toute véritable rencontre, laquelle figure au cœur de la perspective interculturelle, il ne faut pas s’engager, sans repères ni outils. Sans ces derniers, l’autre peut vite devenir la projection de notre imaginaire (1), la fabrication de représentations préconçues dont l’héritage s’impose à nous comme un donné souvent impensé, qui transforme la possibilité de la rencontre en un rendez-vous raté.
Margalit a été pour nous une initiatrice. Elle nous a appris que notre prétention à provoquer les conditions de possibilité de la rencontre entre les groupes et les sujets qui les constituent, exigeait que nous commencions par nous-mêmes, en dirigeant notre vigilance de professionnels et/ou de militants, sur notre regard, sur le fait que celui-ci est une construction héritée et située.
Dans la fureur du monde, dans les remous qui nous affectent, puissent celles et ceux qui se revendiquent de ce défi auquel sa pensée nous invite, entendre cet appel à l’humilité.
A Margalit et à tous ses proches, nous destinons notre gratitude.
Hamel Puissant (CBAI)
Bonjour.
C'est avec tristesse que j'ai appris le décès de Margalit Cohen-Emerique. Une formatrice hors-pair, qui a formé des milliers de travailleurs/euses soaciaux dans plusieurs pays à la démarche interculturelle. Sa rencontre dans les années 90 va radicalement changer notre façon, au Centre Bruxellois d'Action Interculturelle, de former les professionnels et les militant.es de l'action interculturelle. Merci pour tous ce que vous nous avez transmis, nous en prendrons bien soin, et continuerons à le transmettre et à le développer. Condoléances et soutien à sa famille et ses am.ies.
Marie Claude LHAOUCINE
A Margalit Cohen-Emerique
Merci à vous pour votre rencontre et la formation à l'interculturalité. Vos approches m'ont aidé tout au long de ma vie professionnelle et personnelle à adopter une attitude plus ouverte, tranquille et curieuse lorsque je me trouvais en situation d'être confrontée au mystère parfois déconcertant de mon prochain. Et aussi dans la formation des étudiants en travail social de leur proposer vos questionnements et analyses afin de mieux comprendre et se parler. Et ainsi être plus tolérants et tranquilles dans la relation professionnelle et l'exercice des fonctions de médiation.
Giancarlo (cooperativaruah)
Le mie più sentite condoglianze, cariche di gratitudine per quando da Lei donato per migliorare il SAPER DIVENIRE INTERCULTURALE mio personale, quello delle cooperative Interculturando e Ruah, e quello di quanti abbiamo avuto la possibilità di incrociare nelle proposte formative dedicate all'approccio interculturale da lei elaborato.
Cinzia Sabbatini (Fondation Intercammini)
Je vous prie de accepter mes senties condoleances pour le deces de madame Cohen Emerique qui etais dans le Comite scientifique de Notre Fondation Intercammini en Italie. Elle nous a donne beaucoup de experience pour Notre travail interculturale.
Merci beaucoup encore
Barbara Mattison, membre du CA de Sietar France
Margalit a été quelqu’un d’important pour moi, humainement et intellectuellement. C’est avec beaucoup de tristesse que je viens d’apprendre son décès. Elle reste une référence pour moi et certainement pour d’autres qui travaillent dans le champ interculturel.
Je transmets très tardivement mes condoléances aux siens
Barbara Mattison, sur linkedin SIETAR France (linkedin.com/company/sietar-france/posts/)
Margalit Cohen-Emerique, une pionnière de l’interculturel dans le monde francophone nous a quitté. ? C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de Margalit Cohen-Emerique, qui a été une contributrice essentielle de Sietar France quasiment depuis la fondation de l’association en France. Elle était membre d’honneur de Sietar France depuis 2013.
Margalit a animé de nombreuses formations dans le cadre de Sietar France sur la rencontre interculturelle et les obstacles à la communication interculturelle. Ces formations à destination des professionnels dans le secteur social surtout ont attiré les formateurs dans d’autres environnements professionnels. En 2007 elle est intervenue dans un projet mémorable de Sietar France en partenariat avec EMDH (Enfants du monde Droit de l’homme) pour les médiateurs interculturels auprès des mineurs isolés. Dès 1987, elle a écrit régulièrement pour les publications de Sietar France : les Cahiers de Sietar-France, devenus Intercultures en 1989.
Ses interventions étaient ancrées dans le réel, pragmatiques, aidant à prendre de la distance avec les situations interculturelles et à mieux les travailler en formation grâce à son outil phare, la méthode des incidents critiques, qu’elle décrit dans ses livres ( voir https://lnkd.in/e_dYwNWZ ). Mettant en exergue l’importance de la dynamique interculturelle dans les interactions professionnelles, elle aidait à dépasser l’approche plus culturaliste qui avait cours et à considérer le professionnel comme acteur de la situation interculturelle.
Personnellement, c’est la première formatrice sur les thèmes interculturels que j’ai rencontrée et qui m’a grandement inspirée. Je me souviendrai d’une femme chaleureuse, profondément humaine, exigeante intellectuellement qui a fait avancer la question interculturelle dans le monde francophone.
Papa Balla Ndong (Papa Balla Ndong)
C’est avec une immense tristesse que j’ai appris le décès de Margalit Cohen-Emerique, une véritable pionnière dans le domaine de l’interculturel.
Il y a plusieurs années, j’ai eu l’honneur de participer à un projet de l’Union européenne impliquant l’Espagne, l’Italie, la Norvège et les Antilles (Guadeloupe). Lors de certains ateliers, nous avions intégré son approche inductive des cultures. Cette méthodologie unique, qu’elle a développée, repose sur l’analyse des situations concrètes vécues par les individus pour comprendre les logiques culturelles sous-jacentes. Cette méthode a transformé la manière dont les professionnels abordent les contextes multiculturels, en les dotant d’outils précieux et d’une perspective ancrée dans l’humain.
Margalit Cohen-Emerique a laissé un héritage intellectuel et humain profond. Par ses travaux, elle nous a transmis des outils pratiques et une vision humaniste essentielle pour construire des ponts entre les cultures et favoriser une meilleure compréhension mutuelle.
Toutes mes pensées vont à sa famille, à ses proches, et à la communauté SIETAR en ces moments douloureux.
Que son âme repose en paix.
Martine Bendahan
Je viens de voir avec tristesse cette annonce et je tenais à dire aux proches de Mme Cohen emerique combien elle a compté dans ma carrière d'assistante sociale. C'était un modèle pour moi et je resterai toujours sa modeste élève. Sincères condoléances.